La Jeunesse

Quand tu applaudiras sur la cendre do stade

Les garçons de l'été au torse de couleurs

Lorsque tu les verras vibrer devant l'estrade

Où Vilar et Planchon se firent bateleurs

Lorsque tu les verras sur les neiges en pente

Ecrire en noir et blanc et le risque et l'effort

Quand les filles riront avec leur peau brûlante

Et la mer qui ruisselle attachée à leur corps

Alors tu comprendras alors tu aimeras

La jeunesse la jeunesse la jeunesse

Quand ils t'agaceront ces sourires futiles

Ces vacarmes do soir ces indécents chahuts

Quand tu t'affligeras do juke-box imbécile

Et des danses nouvelles que tu ne danses plus

Quand le monôme idiot te barrera la route

Reviens donc sur tes pas ils mènent au printemps

Et tu murmureras pour celle qui t'écoute

Lorsque je faisais ça moi j'avais dix-sept ans

Alors tu comprendras alors tu aimeras

La jeunesse la jeunesse la jeunesse

Quand tu seras ému devant leur joie de vivre

Devant leur soif d'amour quand tu auras pleuré

Pour un Alain-Fournier vivant le temps d'un livre

Ou bien pour Guy Moquet mourant au temps d'aimer

Le temps d'aimer se perd le temps est ce qui passe

Le temps est ce qui meurt l'espoir est ce qui naît

Regarde ces garçons ces filles qui s'embrassent

Il va naître pour eux le temps que tu voulais

Alors tu aimeras alors tu salueras

La jeunesse la jeunesse la jeunesse